Elle trône, discrète, en bordure du domaine royal de Laeken. Fermée au public, délaissée depuis plus de vingt ans, la Gare Royale de Laeken semble avoir disparu des cartes. Pourtant, ce petit édifice oublié continue de nourrir les récits les plus étonnants de Bruxelles, notamment ceux qui évoquent, sous ses fondations, les vestiges d’un tunnel jamais achevé menant droit… au cœur du château.
Une gare pour les rois et visiteurs de prestige
Construite en 1877 sur ordre de Léopold II, la Gare Royale n’a jamais servi le peuple. Ce petit bijou néoclassique, avec ses sculptures élégantes et son parquet d’ébène, n’accueillait que les membres de la famille royale et leurs invités. Un point d’entrée ultra-sélect pour les départs vers les provinces, l’étranger… ou les grandes mises en scène diplomatiques.
Mais la vision du « Roi Bâtisseur » allait bien plus loin. Léopold rêvait de faire du château de Laeken un centre du pouvoir international. Pour cela, il lui fallait un accès direct et souterrain depuis la gare. Les plans furent dessinés, les premiers travaux entamés… puis stoppés net.
Les souterrains du pouvoir (ou presque)

Les documents d’époque parlent d’un tunnel reliant la gare à une salle d’arrivée sous l’escalier d’honneur. Le projet, jugé excessif par les politiques de l’époque, fut vite abandonné. Pourtant, des traces persistent : un bout de tunnel existe toujours. En 2012, une émission télé flamande a même pu visiter les entrailles inachevées du château ! Fantasme royal ? Sans doute. Mais un fantasme qui laisse encore des marques dans le sol.
Un décor figé, entre charme fané et silence royal
Depuis 2001, plus aucun train n’a sifflé à Laeken. La Gare Royale de Laeken, désormais classée, reste fermée, rongée par le temps et les tags. Vue depuis les voies ou les hauteurs voisines, elle dégage une aura étrange : entre monument historique, ruine esthétique et lieu fantasmé. L’accès est interdit — on touche ici au périmètre du domaine royal — mais cela n’empêche pas les curieux d’essayer d’apercevoir un morceau de ce passé suspendu.

