Un lieu sans nom, une façade sans indice, et une expérience qui se vit à douze. À Bruxelles, Jayu n’est pas un restaurant comme les autres : c’est un théâtre gastronomique hors du temps, où la cuisine devient langage scénique. Bruxelles Secrète vous raconte tout au sujet du nouveau restaurant du chef San Degeimbre.
Acte I : Ce qui se joue derrière le rideau
Dans une rue animée près de la place Sainte-Catherine, une adresse a disparu pour mieux se métamorphoser. Pas de néon, pas de menu affiché. Juste une porte close, et un mot qui circule à voix basse parmi les initiés : Jayu. À l’intérieur, pas de salle traditionnelle mais un comptoir en arc, et 12 places seulement. Face à vous, des gestes précis, une chorégraphie minutieuse. On ne parle plus de « service », mais bien de mise en scène.
Ici, le repas est minuté : 120 minutes, 12 plats, deux sessions par soir. Comme un spectacle. Et pour cause : Jayu revendique son hybridité. Mi-cuisine, mi-performance, le lieu transforme chaque détail en outil narratif. Lumière tamisée, rythme millimétré, et cuisine ouverte sur les regards : tout participe à une dramaturgie subtile. Le chef San Degeimbre, star de la gastronomie belge et pionnier du dialogue entre cultures, s’efface ici pour mieux laisser parler le lieu.
Acte II : Le goût comme partition
Chez Jayu, les saveurs racontent des histoires. Des souvenirs coréens filtrés à travers les saisons belges, avec une précision désarmante. Chaque plat est pensé comme une scène, certaines méditatives, d’autres explosives. Le menu, sans carte, évolue selon l’inspiration et les récoltes. Mais toujours avec cette même intention : vous faire oublier que vous êtes dans un restaurant.
Un exemple ? Un simple riz, kimchi et bouillon clair, comme un rappel à l’essentiel. Ou ce lard confit pendant 14 heures, nappé de pâte de soja fermentée. Une gourmandise brute mais maîtrisée, évoquant la street food de Séoul tout en flirtant avec la haute gastronomie. À mi-chemin entre un rite ancestral et un numéro de haute voltige. L’expérience ne s’arrête pas dans l’assiette. Les boissons, souvent fermentées maison, apportent la touche finale au repas.
Finale : Plus qu’un restaurant, un manifeste
Jayu, ce n’est pas seulement un dîner spectaculaire. C’est un manifeste discret pour une autre manière de vivre la cuisine. Un art vivant, au plus proche du geste, du temps présent, de l’échange : ici, les chefs vous parlent, expliquent, sourient. Ils sont autant metteurs en scène que passeurs d’histoires. Le coût de l’expérience ? 130 euros le menu, 55 pour l’accord mets-boissons. Jayu propose une parenthèse, une sorte de cérémonie où le quotidien s’évapore, le temps d’un dîner.
📍Adresse : Rue de Flandre 19, 1000 Bruxelles
📆 Ouvert du mardi au samedi soir. Deux représentations/soir, à 17h30 et 20h30