
Dans notre métier de journaliste, nous sommes régulièrement amenés à visiter des endroits faisant partie de l’Histoire de la ville. Récemment, nous avons réalisé la visite d’un lieu caché au cœur de Saint-Gilles. Nous en sommes ressortis subjugués et des étoiles plein les yeux. Son nom : l’Aegidium.
Construit en 1905 par l’architecte Guillaume Segers, il passe complètement inaperçu au numéro 18 du Parvis de Saint-Gilles. Il est même incroyable de s’imaginer un tel bâtiment s’étalant presque d’un bout à l’autre du parvis. Et pourtant… Un frileux samedi d’automne, l’artiste et créateur des Visites de mon Voisin Gaspard Giersé nous en a ouvert les portes. Il était impossible de croire en la beauté que nous allions découvrir.
Il serait beaucoup trop réducteur de cantonner l’Aegidium à son rôle de cinéma. En effet, il n’a exercé cette fonction que des années 30 à 70. Autrefois nommé Diamant Palace puis Panthéon-Palace, le lieu fut baptisé Aegidium suite à son acquisition par des chanoines. Ces derniers voulurent ainsi rappeler le nom du saint-patron de la commune (« Aegidius » pour « Saint-Gilles », en latin).
L’Aegidium, symbole de l’âge d’or de la fête à Bruxelles
En réalité, l’Aegidium était l’un des principaux lieux de la fête à Bruxelles – si ce n’est le principal ! Avec ses impressionnants 3 260 mètres carrés de surface, les Bruxellois s’y pressaient à n’en plus compter pour danser jusqu’au bout de la nuit. Selon Gaspard, de nombreux couples se seraient formés sous le toit pharaonesque de sa grande salle de bal Mauresque.
Véritable trésor, joyau, pépite (on ne tarit pas sur les superlatifs !) de Bruxelles, l’Aegidium était l’un des piliers fondateurs de la vie nocturne bruxelloise, en son temps bien sûr. Son architecture globale, qui aurait de quoi rappeler les plus beaux palais de la Renaissance Italienne, cache en réalité des milliers de détails et de pièces à la beauté redoutable.
La galerie des glaces de son vestibule, son jardin d’hiver aux carrelages exotiques, son ancien café et sa vieille tabagie donnent déjà au rez-de-chaussée l’ampleur de cet écrin oublié.
La Salle Mauresque, pièce maîtresse de l’Aegidium
Un immense escalier blanc nous emporte avec volupté jusqu’au hall du premier. Au-dessus de nous, un gigantesque lustre semble encore éclairer la foule des temps jadis. À gauche, une grande salle de bal au décor Louis XV nous accueille avec des fauteuils, laissés pour la visite, dont nous nous demandons s’ils sont d’époque.
Et puis, à droite, le bouquet final : la Salle Mauresque (photo de couverture), avec sa vaste scène aux décors de théâtre (issus du XXè siècle) préservés, ses balcons (auxquels nous pourrons monter), son toit autrefois peuplé de centaines de lumières, et ses miroirs par dizaines que même Narcisse ne saurait tous dompter.
Cet éclat, saisissant, aurait presque quelque chose de mélancolique et d’émouvant. C’est peut-être le plus beau lieu que nous ayons jamais visité à Bruxelles.
Après ses grandes heures de gloire, l’Aegidium sera racheté par l’Église en 1929, qui en fera une salle paroissiale et un cinéma. Le lieu est transformé en centre de jour en 1979. Ce dernier fermera ses portes en 1985, laissant l’Aegidium à l’abandon durant presque quarante ans. Classé par le gouvernement bruxellois en 2006, il pourrait bientôt rouvrir ses portes au public pour des évènements suite au rachat d’un opérateur mystère. Retrouvera-t-il enfin sa splendeur d’antan ?
👉En savoir plus sur les visites de l’Aegidium sur le site des Visites de mon Voisin ici.