
Une fois par an, le jour du solstice d’été, un phénomène aussi discret que magique se produit au cœur du cimetière de Laeken, à Bruxelles. Cela ne dure que quelques minutes à peine. Il faut être là au bon moment pour le voir. Et pour les chanceux qui ont pu l’observer, une chose est sûre : personne ne reste indifférent. Il y a des moments comme ça qui semblent tout droit sortis d’un roman ; des instants si courts, tellement insaisissables, qu’on pourrait croire qu’ils n’ont jamais existé. Et pourtant…
Le cimetière de Laeken, comme un musée à ciel ouvert
À lui seul, le cimetière de Laeken mérite la visite, à l’instar du Père Lachaise de Paris. Véritable joyau patrimonial, il regorge de sculptures, de chapelles néogothiques et de mausolées dignes d’un décor de film. On y découvre un bronze original du Penseur de Rodin, des anges mélancoliques, des pleureuses figées dans la pierre, et des allées empreintes d’une atmosphère aussi solennelle que poétique.
C’est aussi ici que reposent quelques figures marquantes de l’histoire belge, comme Joseph Poelaert, architecte du monumental Palais de Justice, Fernand Khnopff, peintre symboliste énigmatique, ou encore Maria Malibran, diva lyrique adulée dans toute l’Europe. Entre art, mémoire et silence, Laeken offre une promenade hors du temps.
Un cœur de lumière, une histoire d’amour, et une question sans réponse
Et puis, il y a cette tombe. Celle du couple Evrard-Flignot, construite en 1920. À l’intérieur de leur chapelle, le 21 juin à midi pile, un rayon de soleil s’infiltre à travers une ouverture millimétrée et vient illuminer la main d’une statue en deuil. Là, juste pour quelques instants, apparaît un cœur parfait, dessiné par la lumière. Un clin d’œil du ciel ou une coïncidence heureuse ? À moins que ça ne soit le fruit d’un amour assez grand pour défier les lois de l’ombre et du temps ? Selon la légende, le mari aurait demandé à l’architecte que cette scène se produise chaque année, en mémoire de son épouse. Une mise en scène millimétrée, poétique, bouleversante.
Le phénomène ne dure que quelques minutes. Pour avoir la chance de l’observer, il faut un ciel dégagé (c’est pas toujours gagné vous l’aurez compris) et un brin de patience. Mais pour les quelques chanceux qui ont pu le voir, c’est un souvenir qui reste longtemps gravé. Un cœur de lumière au royaume des ombres.