Bien avant les travaux de voûtement de la Senne et de modernisation des quartiers centraux, il existait à Bruxelles l’architecture d’un village de conte de fées semblable à Bruges. Historiquement, nous considérons cette époque comme celle du « Vieux-Bruxelles ».
L’époque du Vieux-Bruxelles s’étend sur bien plus de temps que celle du Bruxelles que nous connaissons aujourd’hui : depuis le XXè siècle, la ville se construit peu à peu sur des îlots encerclés par la Senne, l’ancienne rivière de Bruxelles (n’allez pas écrire la Seine). Son voûtement, à la fin du XIXème siècle et sous ordre du bourgmestre Jules Anspach, fait suite à des inondations grandissantes et des épidémies de choléra.
Ce dit voûtement est le premier élément essentiel du phénomène de « Bruxellisation » (auquel nos confrères du Brussels Times ont accordé un excellent article, à lire ici). La ville va graduellement (et sous plus d’une vingtaine de chantiers mis en place par Anspach) changer de visage et se métamorphoser en capitale aérée et moderne.
De nombreux bruxellois se plaignent aujourd’hui de cette forme de modernisation, dont certains jugent qu’elle aurait défiguré la ville ; pourtant, comme le souligne Brussels Times, le Vieux-Bruxelles est perçu lui-même à l’époque par ses riverains et ses dirigeants comme vétuste et obsolète.
Si les peintures font état d’un certain charme suranné, la réalité est toute autre et la ville est en proie aux crises sanitaires et au délabrement. Ses infrastructures et son agencement sont désuets pour la grande métropole qu’elle souhaite devenir.
Les travaux de Jules Anspach sortiront la ville des maladies et de l’insalubrité. Ce grand changement (qui se poursuivra après sa mort) entraînera le voûtement de la Senne, la création des boulevards centraux, la métamorphose du Mont des Arts, la construction de la jonction Nord-Midi et plus tard, la naissance du quartier d’affaires Rogier.
Que nous reste-t-il du Vieux-Bruxelles ? Fort heureusement, grâce aux travaux d’Anspach, de nombreux vestiges du temps passé ont gardé leur charme au fil des âges, en particulier dans l’hypercentre. Si l’ambiance et les marchands d’antan ont évidemment disparu (tisserands, tanneurs, teinturiers et brasseurs puisaient et vivaient autour de la Senne), de nombreuses rues portent encore leurs noms équivoques (« Rue du Marché au… »).
Si les marques de cette époque passée sont donc toujours présentes et visibles (et préservées grâce à Anspach), n’est-il donc pas impossible de les regretter ? Bruxelles aurait-elle donc tout simplement opté pour un charme différent, tout en le conservant ?
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