
Espace touristique, commercial, historique et muséal (rien que ça !), le Mont des Arts est l’un des lieux les plus emblématiques du paysage bruxellois, et figure de toutes les cartes postales. Il s’étale de la Place Royale jusqu’à la Gare Centrale de Bruxelles.
Connaissez-vous l’histoire du Mont des Arts ?

Bien avant le Mont des Arts que nous connaissons aujourd’hui, il existait le quartier Saint-Roch. Au milieu du 19è siècle, ce quartier n’est rien de plus qu’un bloc de maisons dont l’artère principale, la rue Montagne de la Cour, plonge tout droit depuis la place Royale jusqu’au boulevard de l’Impératrice. On parle d’une pente de plus de 10 degrés, quand même ! Des rues bordées d’habitations la traversent de part en part, comme les rues des Trois Têtes, Ravenstein et Notre-Dame.
Mais cet enchevêtrement de rues peine à rendre fluide la circulation entre le haut et le bas de la ville. Le quartier est jugé vétuste. Les musées du quartier Saint-Roch et la Bibliothèque Royale, qui existent déjà à l’époque, réclament plus d’espace pour leurs locaux. On craint même qu’un incendie se déclare dans les habitations alentour et vienne se propager aux collections !
Un défi de l’urbanisme

Dès lors, c’est un véritable casse-tête urbanistique qui s’impose pour la création du futur Mont des Arts : élargir et protéger l’espace muséal, créer davantage d’espace dans le quartier et améliorer la circulation entre les deux parties de la ville.
Après une centaine (!!) de projets laissés à l’abandon, c’est finalement un mélange d’idées signées Léopold II et l’architecte Henri Maquet qui sont gardées : la première, redresser le terrain jusqu’à la moitié de la rue Montagne de la Cour ; la seconde, relier la place Royale jusqu’au boulevard Impératrice via ce nouvel entre-terrain, grâce à une pente plus douce et en forme de courbe.
On démolit ainsi toute la parcelle centrale du quartier Saint-Roch en 1897-1898. Les travaux sont censés se poursuivre sur la décennie qui vient, mais contre toute attente, le projet est rejeté par la Chambre et le Sénat en 1908. Léopold II devra attendre… Mais l’Exposition Universelle de 1910 approche, et il est hors de question pour le roi de laisser un tel terrain vague au beau milieu de la ville.
L’Exposition Universelle et le Mont des Arts

On commande donc au paysagiste français Jules Vacherot, jardinier principal de la ville de Paris, un jardin provisoire pour peupler l’espace laissé à vide. Il imagine un jardin tout en escaliers, avec cascade d’eau et gradins. Il garde avec lui – et la construit – l’idée de Maquet, celle d’une rue courbe. Ce provisoire restera au final… 45 ans ! La légende raconte que les bruxellois déploreront sa démolition. Il faut dire que le résultat était assez spectaculaire et très différent de ce que l’on connait aujourd’hui… (Vous pouvez l’apprécier sur le photo ci-dessus !)
Mais voilà, toutes les belles choses ont une fin. Au début des années 1950, les espaces muséaux réclament à nouveau plus d’espace pour leurs collections. L’Exposition Universelle de 1958 approche et exige de ses participants un certain effort de modernisme. Comme le souligne très justement le site Bruxelles Bruxellons, c’est le début du phénomène de « Bruxellisation » (dont nous vous parlerons dans un prochain article).
En 1951 on pose la statue équestre du Roi Albert Ier, toujours présente aujourd’hui. À partir de 1954-1955, on conserve la partie haute de la rue courbe mais on démolit les jardins en escaliers, pour créer l’esplanade plate de l’actuel Mont des Arts. On y construit la nouvelle KBR et le vaste Palais de la Dynastie tout autour (Palais des Congrès). Anecdote amusante : les deux phoques qui ornaient la cascade de l’ancien Mont des Arts existent toujours et ont été déplacés à Nivelles !
Quelle version préférez-vous ?

Certains seront nostalgiques et regretteront l’ancien Mont des Arts, peut-être moins austère que celui que nous connaissons. Néanmoins, force est de constater qu’à notre époque, face à la forte attractivité touristique de la ville, sa circulation et surtout son offre muséale, le Mont des Arts du 21ème siècle est sans doute sa meilleure version possible.
Abritant la Bibliothèque Royale, les Musées Royaux des Beaux-Arts, le Palais Charles de Lorraine, le Musée Magritte, la Maison de la Dynastie et son célèbre carillon, ainsi que le centre de conférences Square Brussels et le théâtre Plein Publiek, il constitue sans doute la plus belle vitrine culturelle de la capitale, avec une vue imprenable sur la Grand-Place et sa magnifique tour, admirée chaque année par des millions de visiteurs venus fouler les pavés de cet ancien quartier oublié.