La Straffe Ketten est la première – et seule – équipe de rugby inclusive de Belgique. Fondée en 2010, elle possède 70 membres inscrits de plus de 20 nationalités différentes et contribue à rendre le milieu du sport plus accessible et plus ouvert. Nous avons rencontré trois de leurs joueurs, Dan, Tanguy et Olivier, qui se sont confiés sur leurs parcours et le rôle de leur équipe.
Bruxelles Secrète : Pouvez-vous nous dire vos prénoms/âges ? Depuis combien de temps faites-vous partie de la Straffe Ketten ?
Tanguy : Je m’appelle Tanguy, j’ai 29 ans et je fais partie de la Straffe Ketten depuis 4 ans.
Dan : Je m’appelle Dan, j’ai 31 ans et je suis dans l’équipe depuis trois ans et demi.
Olivier : Je m’appelle Olivier, j’ai 25 ans et je suis dans l’équipe depuis septembre.
Pourquoi avoir choisi le rugby et pas un autre sport ?
T : J’ai toujours aimé ce sport. Je n’avais jamais fait de sport d’équipe (seulement de la natation, un sport très individuel). J’ai fait du scoutisme, où j’ai découvert le ballon. Quand j’ai découvert qu’une équipe de rugby en inclusif existait, je me suis lancé.
D : Je ne connaissais pas réellement le rugby, je n’avais jamais vu de match ni touché à un ballon de ma vie. Je cherchais un sport d’équipe inclusif ; un ami à moi se trouvait déjà dans l’équipe. J’ai aimé l’ambiance de l’équipe et j’ai adoré ce sport, je m’y suis senti à ma place.
O : J’ai grandi dans le rugby, ma famille en regardait depuis tout petit. En arrivant à Bruxelles, j’ai voulu rencontrer de nouvelles personnes par l’intermédiaire d’un sport d’équipe, et je me suis lancé.
Comment adhère-t-on à l’équipe ? Comment se déroule un entraînement ?
D : Pour adhérer, il suffit de venir à un entraînement pour les nouveaux (une session de plusieurs entraînements en septembre, et en janvier). On peut ensuite s’inscrire en payant une cotisation. Pour l’entraînement, on réalise des échauffements (un peu de course, de passes et de cardio), puis des exercices plus techniques, sur les phases de jeu, les plaquages. On termine généralement par un match (une petite demi-heure). L’entraînement dure plus ou moins deux heures.
Participez-vous à des matchs ou à des compétitions internationales ?
T : Oui, nous avons deux importantes compétitions internationales auxquelles nous participons : la Bingham Cup, une coupe du monde inclusive de rugby, et la Union Cup, son pendant européen. Nous jouons contre d’autres équipes inclusives du monde entier. Nous jouons également sur de plus petites compétitions à Amsterdam par exemple [la Thalys Cup], Berlin ou Paris.
Comment décririez-vous l’ambiance au sein de la Straffe Ketten ?
D : Bonne [Rires].
T : Je dis souvent que nous sommes une équipe plus folklorique que compétitive. On accueille tous les joueurs, qu’ils soient ici pour le sport ou davantage pour le côté inclusif. L’équipe a une ambiance très ouverte et très basée sur l’inclusion. On accueille aussi ceux qui voudraient faire moins de sport.
O : Oui, il y a un aspect social qui est très présent.
D : On ne va pas nécessairement essayer de rentrer dans une ligue, mais plutôt de s’améliorer…
T : …et de gagner des matchs ! [Rires].
D : Oui, mais ce n’est pas la compétition qui prime.
La Straffe Ketten est une équipe inclusive qui défend les valeurs des fiertés LGBT. En quoi pensez-vous qu’une telle démarche soit importante pour la progression des droits LGBT ?
O : Le sport a un fort impact social. On a tous des idoles sportives, des équipes que l’on suit. [Il s’agit de] véhiculer des valeurs qui sont importantes et qui permettent aux personnes de s’identifier et de grandir, de se questionner. Le sport est un bon vecteur de principes et de valeurs sociales.
D : Tout le monde a besoin de visibilité. Le fait que l’équipe existe permet aux autres de trouver leur voie, de se trouver, de se dire que cela existe. Le sport reste un domaine relativement hétéronormé. Le fait d’exister fait bouger les lignes.
Cela nous amène à notre dernière question : le milieu du sport est parfois associé à des comportements ou des contextes/environnements LGBT-phobes. Que conseilleriez-vous à ce·tte jeune LGBT qui aimerait pratiquer ou se lancer dans le sport ?
O : Ne pas hésiter [à se lancer]. Cela peut être difficile mais il y a toujours un endroit où l’on sera le bienvenu. Sans même parler d’équipe inclusive, il faut juste trouver et ne pas se mettre de barrière.
T : Dans le milieu LGBT, il n’y a pas que le sport ou le rugby. Il y a plein d’autres associations ou de groupes [inclusifs], pour tous les goûts, avec les mêmes valeurs, qui pourront accueillir tout le monde et seront une « safe place » [un lieu de sécurité].
Bruxelles Secrète remercie Dan, Olivier et Tanguy de la Straffe Ketten pour leur accueil et leur participation à cet entretien. Pour plus d’informations sur la Straffe Ketten, rendez-vous sur le site www.straffeketten.be.
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