Il existe à Bruxelles des endroits insolites où campagne et ville se conjuguent en toute modestie. Il s’agit des cités-jardins, des lieux résidentiels typiques inspirés de leurs éponymes au Royaume-Uni. Ces endroits, parfois discrets et méconnus des bruxellois, abritent des paysages authentiques et pittoresques. La verdure semble s’y marier à merveille aux maisons de taille basse, souvent grises, couvertes de toitures de tuiles et collées les unes aux autres. Dans la région de Bruxelles, ces cités-jardins sont principalement nées dans l’entre-deux-guerres. Elles cherchaient à favoriser la reconstruction rapide de logements et sont au nombre d’une dizaine.
À la découverte des cités-jardins
Grâce à leur grande superficie et leur qualité de conservation (d’autres cités-jardins de la région bruxelloise ont hélas souffert du temps), les cités-jardins du Logis et de Floréal, à Watermael-Boitsfort, font partie des plus connues.
Inspirées des cottages anglais et des logements sociaux néerlandais, leur décoration varie. Entre boiseries vertes (le Logis), jaunes (Floréal), une forte présence de la végétation (pelouses, haies, arbres fruitiers et même cerisiers du Japon !) ainsi qu’un serpent de chemins piétons verdoyants.
Au Logis, priorité est donnée aux animaux pour nommer les rues. Rue de l’Autruche, Rue de la Hulotte, Rue du Héron, Avenue du Daim… Au Floréal, ce sont les plantes qui gagnent ! Rue des Gardénias, Rue des Pétunias, Rue des Cyclamens, Rue des Ellébores…
De quoi donner toujours plus de charme au quartier ! Aujourd’hui classées, ces cités-jardins ont même servi de décors de cinéma. Au total, Logis et Floréal abritent plus de 1000 maisons unifamiliales !
Une Cité classée en 2000… aujourd’hui délaissée
Hélas délaissée en partie par ses habitants, souffrant d’habitations abandonnées et de rénovations constamment reportées, la Cité Moderne de Berchem-Sainte-Agathe a autrefois fait les beaux jours de la capitale. Classée en 2000, elle remporta même le Grand Prix de l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925 ! Et cela pour, entre autres, sa juxtaposition de maisons en dents de scie (utile pour libérer la lumière et les jardinets). Une pionnière pour l’époque en Belgique ! Ses rues courtes et ses squares nombreux étaient aussi destinés à favoriser les échanges et la convivialité entre les voisins. Ce qui a aussi inspiré le nom de ses rues. Rue du Bon Accueil, Rue de l’Entraide, Place de l’Initiative…
Des noms de rue originaux
Les noms de rues semblent souvent être l’indicatif du bon vivre ou de l’histoire de ces cités-jardins. Dans la cité-jardin Bon-Air (Anderlecht), on trouve les Rue de l’Hygiène, Rue de la Santé, Rue du Bonheur ou la Rue de l’Enthousiasme. Ces dernières rappellent la volonté des bourgmestres de l’époque de voir les bruxellois quitter le centre-ville jugé insalubre pour des quartiers plus paisibles et prospères.
Sa voisine, la cité-jardin de Moortebeek, rend hommage aux écrivains célèbres. On y trouve les Rue de Sévigné, de Rabelais, de Shakespeare, de Corneille. Tout près, dans la cité-jardin de la Roue, on rend plutôt hommage aux luttes de la classe ouvrière. En effet, c’est ce que rappellent les Rue des Droits de l’Homme, de l’Émancipation, de la Solidarité…
Certaines cités-jardins ont été abîmées par le temps ou délaissées par leurs habitants. Cependant, d’autres ont su garder le charme d’antan et la convivialité, entre ville et campagne, qui nourrissaient leur projet. Autrefois la plus anglaise de toutes (en termes d’architecture), la cité-jardin Terdelt de Schaerbeek a troqué au fil des années ses briques rouges contre de nouveaux matériaux et peintures, sans que jamais ne se perde son ambiance précieuse de village rural. Aujourd’hui, une association d’habitants dévoués se charge même de la préserver : une raison de plus pour s’y installer ?